Mieux vaut tard ?
Enfin, le ministre de la Défense Hervé Morin a dévoilé cette semaine le projet de loi d'indemnisation des victimes des 210 essais nucléaires menés par la France de 1960 à 1996 dans le Sahara et en Polynésie.
On estime à 30 000,
le nombre de travailleurs civils et militaires concernés par la mesure; avec les populations locales, on arrive à environ 150 000
personnes.
Le ministre a annoncé dix millions d'euros pour indemniser civils et militaires et a évoqué le nombre des personnes qui pourraient prétendre à indemnisation :« Quelques centaines de personnes... on est sur cette idée là ».
Quand j'entends ça, ça me donne envie de hurler. "Quelques centaines de personnes"... Bien sûr, avec tous ceux qui sont déjà décédés, on limite la casse financière. (Et les familles qui restent, elles n'auront droit à rien ?)
L'AVEN - association des vétérans des essais nucléaires- (lien en cliquant sur leur nom) compte plus de 4000 membres. Quand vous allez feuilleter les avis de décès des trois dernières années, vous arrivez déjà à presque 100 personnes.
Cette association a mené une enquête santé auprès de ses adhérents et révèle que 35 % des
vétérans sont atteints de cancers, soit deux fois plus que les Français
de la même génération. Le taux des cancers du sang est anormalement
élevé (22 %) et 40 % des vétérans atteints de cancer sont déjà décédés.
L’enquête révèle aussi que 82 % des vétérans sont atteints d’autres
maladies non cancéreuses, principalement cardiaques, qui sont survenues
souvent avant l’âge de 30 ans.
On compte 33 % de vétérans qui n’ont pas eu d’enfants, dont 25 % en raison d’une anomalie du sperme.
Alors comment le ministre peut-il avancer un chiffre aussi ridiculement bas ? Et les populations civiles dans l'histoire ?
J'ai fait un rapide calcul :
10 000 000 euros / 150 000 personnes concernées = 66.66 EUROS PAR PERSONNE
Si on se base sur l'étude de l'AVEN et les 82 % de vétérans ayant contracté une maladie suite aux essais; sur un pourcentage de décès de 50 % et sur une non-indemnisation des familles des décédés, sur une contamination des populations de 50 % seulement, avec aussi 50 % de décédés, on arrive à : 42 000 personnes concernées.
Vous trouvez que je fais des comptes d'apothicaires ? Pas plus que ceux qui estiment à quelques centaines de personnes le nombre potentiel de victimes.
10 000 000 / 42 000 = 238 euros par personne
Je vous laisse juge...